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L'autorité éducative : pourquoi une telle question ?

Dominique Rolin
Formateur-consultant.
Directeur d’ALPHA-Plappeville.

« L’autorité éducative : pourquoi une telle question ? »


Demandons-nous de quelle origine sont ces affirmations ? :
« Les jeunes d’aujourd’hui aiment le luxe, ils sont mal élevés, méprisent l’autorité… »1
« La jeunesse d’aujourd’hui est pourrie jusqu’aux tréfonds, mauvaise, irréligieuse et paresseuse. Elle ne sera jamais comme la jeunesse du passé et sera incapable de préserver notre société ».2

« La jeunesse d’aujourd’hui n’est plus ce qu’elle était »... Cette complainte du déficit d’autorité et d’une jeunesse qui échappe au contrôle des adultes est récurrente au cours de l’histoire.
Elle émane souvent d’adultes qui ont oublié leur propre jeunesse.

Les débordements des jeunes n’ont cessé de troubler la quiétude des adultes: à Athènes, à Rome, en France et en Allemagne au Moyen Âge où des troupes d’étudiants ont littéralement saccagé des villes universitaires et n’ont pu être maîtrisées que par des corps de police spécialisés.
Plus près de nous, les bandes de jeunes de moins de 20 ans « Le gang des Apaches »3 pratiquaient l’escroquerie et même le crime contre les parisiens - les Zazous en 1940 étaient décrits comme les symboles de la décadence aux yeux du régime de Vichy - en 1960 les « blousons noirs » faisaient peur à la bonne bourgeoisie, et dans les années post 1968 les hippies et autres beatniks menaçaient un ordre moral et social. Aujourd’hui l’opinion se plaint d’une jeunesse qui, faute d’un défaut de « police des familles et de leurs rejetons », se marginalise en faisant la nique à l’ordre social établi, lequel ne cesse de répondre par une surenchère répressive.4


1 Platon « La République
2 Table Babylonienne – 3000 ans av JC.
3 Bandes de jeunes qui, à Paris, terrorisaient les populations au début du XX° siècle.
4 A la responsabilité des parents de plus en plus pénalisée correspond, en cas de manquement éducatif, celle des mineurs avec une capacité pénale de plus en plus précoce, en tout cas au niveau de la demande d’une partie non négligeable de la classe politique, relayant de la sorte une partie de l’opinion publique. Voir :
- La Loi 2011-039 du 10 août 2011 relative à l’enfance délinquante.
- Le décret 2011-89 du 21 janvier 2011 relatif aux modalités de calcul des allocations familiales suspendues ou supprimées en cas d’absentéisme scolaire.
- Paru dans Info Figaro le 30 juin 2010 : « Le président de la République souhaite que le parlement se saisisse d’une Loi visant à rendre « pénalement responsable » les parents d’enfants délinquants ».

Conférence. ANMECS- 5 décembre 2013. D.Rolin

La crise d’autorité : révolte contre le père
ou crise systémique ?

Aujourd’hui, la crise de l’autorité ou décrite comme telle :
Est-elle une révolte contre le «père», révolte normale, saine et même nécessaire pour que le jeune réussisse à prendre possession de soi et à affirmer sa personnalité ?
Ou
Est-elle une crise plus systémique, sociétale, qui a modifié l’autorité paternelle avec des impacts sur la structure de ces rébellions ?

Il semble que collectivement, c’est toute une société qui est désormais ressentie comme répressive et en même temps protectrice.

Pourtant, aujourd’hui, le discours sur l’autorité dans l’éducation refait surface notamment chez les acteurs institutionnels de l’enfance et de l’adolescence.

C’est pourquoi, dans mon exposé, entendu comme le préambule aux travaux de cette journée, je m’attacherai plus à expliquer la spécificité du débat sur l’autorité éducative à partir d’autres travaux de recherche dont je me suis emparé pour la circonstance. Je ne me situerai pas sur le plan psychologique pour tenter d’expliquer les raisons intimes de la perception de l’autorité par les jeunes eux-mêmes. En revanche, j’aurai un regard plus sociologique.

Que s’est-il donc passé ?5
La question de l’Autorité fait l’objet d’une actualité aigüe. Les raisons sont connues :

- Effondrement des religions dites classiques qui encadraient les comportements sociaux et individuels.
- Crise des modèles de la représentativité des institutions publiques (elles aussi, n’encadrent plus les comportements sociaux individuels et/ou elles sont contestées).

- « l’UMP veut instaurer un code pénal pour les mineurs avec un abaissement de la responsabilité pénale à 12 ans » : Les journées de l’UMP à Villeurbanne, le 29 novembre 2011.
5 Article de L.St Fort. 12 novembre 2008

Conférence. ANMECS- 5 décembre 2013. D.Rolin


- Prééminence des Droits de l’Individu (y compris les Droits de l’Enfant) sur le cadre général de l’application de la Loi et de ses principes dans une application collective indifférenciée quels qu’en soient les effets.
La notion dite « d’autorité naturelle » bousculée
Le fondement de l’autorité hiérarchique, « naturelle » exercée dans une relation « dominé-soumis » se heurte aux principes d’égalité et de liberté. L’autorité dite « naturelle » est bousculée car :

- Le principe qui fonde la légitimité de l’exercice de l’autorité est remis en cause.
- Les moyens de l’exercer pour se faire obéir peuvent être jugés comme dangereux dès lors où les comportements des éducateurs, enseignants ou parents sont parfois très rapidement jugés (à tort ou à raison)6 trop rigides ou trop sévères.
- Les représentants de l’éducation n’ont plus le monopole des savoirs car les enfants sont confrontés à d’autres sources véhiculées par les médias, internet, par les vedettes du showbiz ou du monde du sport.
- L’Etat et ses institutions ne sont plus considérés comme dépositaires du bien commun.
- L’enfant a ses propres intérêts, ses valeurs, ses références pouvant rentrer en conflit avec celles et ceux qui voudraient exercer une autorité « naturelle » sur lui.
Ceci fait que l’exercice de l’autorité par les éducateurs ou les enseignants ne procèdent plus d’une évidence mais, aujourd’hui, d’un véritable questionnement.
La question est donc de savoir comment maintenir un cadre éducatif soucieux du respect d’un certain nombre de règles tout en respectant la liberté d’un enfant ?
Autrement dit, la question est de savoir comment parler de l’autorité éducative dans une société démocratique qui prône l’autonomie et l’épanouissement de l’enfant ?

Qu’est ce que signifie « autorité » ?

Il existe plusieurs étymologies du vocable « autorité ».
Auctor en latin qui signifie « auteur » ou « garant ». Disposer de l’autorité c’est en quelle que sorte être auteur de quelque chose : ainsi une personne ou un propos peut faire autorité.


6 En 1998, un enseignant est poursuivi pour avoir flanqué un coup de pied aux fesses d’adolescents pour faire cesser une bagarre. Le père d’un de ces enfants, fils de gendarme, déposera plainte.

De même, la même année, un instituteur de Montpellier a été condamné à une amende de 3 000 F avec sursis pour «un coup de pied aux fesses».

Plus près de nous, en 2010, le Maire de Cousoire dans le Nord fut poursuivi pour avoir giflé un adolescent qui escaladait la grille d’un jardin public . Il sera relaxé en 2012.

Conférence. ANMECS- 5 décembre 2013. D.Rolin

C’est être garant d’un pouvoir confié par autrui pour exercer une influence sur d’autres.
Mais ce terme vient aussi de « Augere » ou Auctoritas » qui signifie augmenter et capable d’augmenter : c’est donc la capacité à faire grandir dans une certaine direction symbolique ou physique.
Toujours en latin, la notion d’ « auctoritas » et renvoie à celle de « potestas » :
Potestas : un pouvoir que confère un grade, une fonction, un statut. Une supériorité acquise par une ascendance familiale ou hiérarchique. Cette supériorité peut s’exercer le cas échéant par la contrainte.
Auctoritas : serait donc l’exercice de l’autorité par l’adhésion de celui ou celle à qui elle s’adresse sans recours à la menace ou la contrainte.
L’autorité renvoie donc à plusieurs dimensions : morales, psychoaffectives, juridiques et institutionnelles. C’est le pouvoir de commander, d’imposer, d’influer, de soumettre etc.

ALORS ? L’autorité : Déclin, érosion, métamorphose ?7
Trois conceptions de l’autorité8

Selon les travaux de Bruno Robbes 9 , à l’examen des sciences humaines et de l’éducation, on peut dire qu’il existe 3 conceptions de l’autorité :
1- L’autorité « autoritariste »
Une partie de l’opinion, de la représentation publique, des médias exacerbent l’ampleur du phénomène délinquant dans une relation stéréotypée en forme de raccourci associant souvent : « jeunes= délinquant en puissance= famille défaillante= émigration= Roms ou Maghrébin etc. »
Les 2 réponses à ces constats relèvent finalement d’une conception assez simple pour les résoudre :
- Les mineurs étrangers isolés sans papier doivent retourner de là où ils viennent
- Les mineurs délinquants doivent faire l’objet d’une reprise en main, ferme coercitive et/ou répressive.
L’autorité devient autoritariste au sens où elle exprime une volonté de détenir un pouvoir indiscutable et indiscuté pour faire rentrer dans le rang les jeunes ainsi ciblés.


7 Titre du livre écrit en 201 sous la direction d’Eirick Prairat. Ed. PUN. Nov 2011.
8 D’après Bruno Robbes. 28 mars 2008.
9 Les trois conceptions de l’autorité . Avril 2006. B.Robbes

Conférence. ANMECS- 5 décembre 2013. D.Rolin

Évoquer l’humanité dans l’accompagnement de ces jeunes mineurs c’est prendre le risque d’être taxé immédiatement d’angélisme, de laxisme et de faire le lit des extrêmes.

Cette forme d’autorité ainsi réclamée, suppose qu’elle s’applique dans le contexte d’un rapport de force et non de la recherche d’une relation éducative.
Les modalités d’applications de cette forme d’autorité dite autoritariste sont connues, il s’agit du :
- Recours à la force physique et/ou aux pressions psychologiques.
C’est une réponse facile à un problème complexe. L’autorité dite autoritariste fait rejaillir la nostalgie de la discipline d’une autre époque magnifiée, idéalisée – un mythique âge d’or - où était prétendument affirmée une autorité qualifiée de « naturelle ». Celle incarnée par des institutions fortes, indiscutées (le pense t-on aujourd’hui ?), ou par des personnes au charisme comme aux muscles forts 10qui savaient faire plier et rentrer dans l’ordre tous les récalcitrants.
Nous devons penser que beaucoup regrettent de ne plus pouvoir exercer de la sorte cette autorité. Ou alors faute de savoir l’exercer soi même, on regretter que d’autres ne puissent pas prendre le relais pour exercer la manière forte. 11
Cette vision s’oppose à une autre réalité supposant qu’il ne suffit plus de posséder le statut, le savoir ou l’attribut de son rang pour exercer l’autorité. Il faut désormais affirmer sa compétence à influer sur autrui à ce qu’autrui admette cette autorité.
C’est, nous dit Robbes, « L’autorité est une dialectique permanente entre la rationalité patrimoniale de la référence et la discussion argumentée et éclairée ».

Premières questions alors :
- Que faire de la légitimité de l’autorité lorsque l’on doit être suppléé par quelqu’un d’autre pour l’exercer ?
- Comment ne pas envisager que l’autorité s’apprend, qu’il s’agit d’une formation dont chacun devrait disposer pour en discerner les composantes et l’exercer avec discernement et efficience 12

10 2005 : tel Haut Fonctionnaire s’étonnait de la difficulté d’encadrer des adolescents au sein de groupe de vie d’un établissement pour mineurs et invitait à : « recruter des éducateurs un peu musculeux » pour remédier à la discipline.
11 D’où l’appel aux supérieurs, à la police, à l’armée.
12 En ce sens l’autorité « naturelle » n’existe pas.


Conférence. ANMECS- 5 décembre 2013. D.Rolin

L’autorité évacuée :

Depuis une quarantaine d’années, le modèle patriarcal absolu s’est effrité, autant que les cadres sociaux institutionnels de référence (école/syndicats/Education populaire etc.).
Comme je l’ai déjà signalé, les auteurs 13 remarquent que l’individu a été érigé en valeur souveraine durant la 2ième moitié du XX° siècle. L’individu est devenu la base de la société.
Les droits de la personne (de l’usager) sont donc devenus la norme.
L’individu est considéré comme libre et autonome, c'est-à-dire qu’il n’accepte plus de vivre des contraintes entravant son libre choix. Il peut même s’ériger en « poseur de norme » !
Jean Pierre Lebrun nous dit ceci « Il existe un risque d’une autofondation de la norme du fait de la disparition de la norme transcendante ou paternelle. Plus que qu’une crise d’autorité, on assiste à une crise du SENS DE LA NORME, non par absence mais par multiplicités de celles-ci ! »
Les adultes peuvent alors être en manque de repères. Faute de quoi, ils peuvent être tentés de ne plus prononcer le « non » structurant et contenant nécessaire pour que l’enfant grandisse. Les adultes alors n’assument plus l’asymétrie inhérente à leur position de parents ou d’éducateur ou d’enseignants…
L’enfant ou l’adolescent est alors contraint de fixer ses propres limites ou ses propres normes du fait d’une autorité défaillante.

Cette fuite devant l’autorité a même été théorisée comme un modèle d’éducation diffusé dans les années post 70 : qui se souvient du principe de « non directivité » appliquée comme modèle d’éducation antiautoritaire dans certaines maisons d’enfants ou encore de l’expérience largement relatée dans les mêmes années des « libres enfants de Summerhill »14 inspirée des conceptions éducatives d’Alexander Sutherland Neill qui, elles, dataient des années 1920 ?
Ces expériences ont largement depuis montré leur limite en mettant en évidence les effets pervers d’une autorité charismatique marquée par d’autres formes de domination ou soumission perturbatrices et génératrices, parfois, de troubles psychoaffectifs chez l’enfant.
Les questions qui se posent alors :
- Si autorité charismatique et autoritariste se confondent en idéalisant le modèle « du bon maitre aux qualités exceptionnelles », cela ne revient-il pas de la même façon à soumettre par la séduction l’enfant au sein du pouvoir des adultes, sans lui donner les moyens de se forger son autonomie ?
- En ce sens confondre l’autorité et le pouvoir - par la force ou la séduction – ne serait il pas contraire à l’épanouissement de l’enfant ?
- De même faire croire ou laisser croire que – dans une conception très restrictive des Droits de l’Enfant ou d’interprétations hâtives ou hasardeuses de Françoise Dolto –

13Jean Pierre Lebrun, De Singly cités par Robbes.
14 « Libres enfants de Summerhill » éditions Maspero- 1971.

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chaque enfant serait un être capable d’ériger ses propres normes, ne reviendrait-il pas à dire qu’on l’abandonne ?
- Abdiquer toute autorité au nom du fait qu’elle est impossible à exercer ou que l’on souhaite la déférer à d’autres que soi, ne reviendrait il pas à renoncer à toute ambition pédagogique ou éducative ?
Il existe alors un paradoxe des éducateurs, des enseignants, des parents eux mêmes tiraillés entre l’envie d’en découdre avec certains jeunes particulièrement difficiles et éreintants et la crainte d’être pris en défaut par l’arsenal des droits protégeant l’enfant des violences, de maltraitance, d’excès de sanctions (par conscience que l’autorité trop autoritariste est interdite). On voit bien que la situation est insoluble puisque dans un cas, il y aurait abus d’autorité et de pouvoir et, dans l’autre, abandon ou retrait de l’adulte par paralysie éducative (théorisée ou non). Chacun des intervenants éducatif confronté à l’exercice d’autorité ne sachant plus que faire, renonce et attend qu’une autorité supérieure15 l’assiste ou le suppléé. Quelle autre voie alors ?

L’autorité éducative :

On peut donc être d’accord- d’autant qu’il faut repenser l’autorité.
On pourrait reprendre ce que disait Fernand Oury
« Celui qui fait autorité n’est pas autoritaire »
Autorité rimerait elle dorénavant avec autorisation ?
On est passé de l’autorité imposée, attribuée, non négociée car non négociable, à l’autorité-relation ou l’autorité négociée.
La participation des personnes devient alors la condition même de l’efficience de l’autorité. En ce sens, les enfants attendent sans doute des preuves de compétences de la part des adultes avant d’autoriser l’autorité exercée sur eux !
D’une autorité qui allait de soi, on est passé à une autorité qui nécessite parole, explication et adhésion.
En fait, ce qui se passe dans l’éducation et à l’image de ce qui se passe dans notre société : quiconque n’accepte plus une autorité s’exerçant sur lui sans qu’il y adhère et sans explication.
L’autorité éducative permettrait à l’enfant de penser par lui-même en étant affranchi de ce qui l’avilit mais que, pourtant, il admet par ailleurs16faute de savoir qu’il n’est pas tenu de le subir.
Philippe Merieu affirme qu’il « ne s’agit pas de restaurer l’autorité mais d’aider les jeunes à retrouver le gout de contester les savoirs auxquels ils s’assujettissent aveuglément, de


15 Une autorité statutaire –police- hiérarchique : chef de service directeur – Un Homme ; en ce cas on évoquera une autorité sexuée et stéréotypée tout comme les fameux « couples éducatifs », l’homme sera, si possible grand et musculeux et à la voix grave et influente etc. L’armée.
16 Je pense à l’aliénation des jeunes face aux réseaux sociaux, à l’utilisation irraisonnée de l’ordinateur et des écrans., à l’émancipation face aux caïdats, au droit de ne pas subir les bizutages devenus soirées d’intégration etc.

Conférence. ANMECS- 5 décembre 2013. D.Rolin

s’associer à des collectifs qui se donne des règles pour assumer l’existence d’une autorité légitime. »
L’autorité éducative est à la croisée du psychologique et du social
- Elle s’exerce dans une triangulation indissociable :
- L’autorité statutaire = potestas (pouvoir légal)
- L’autorité qui autorise = auctor ou augere : auteur et permettre de grandir. (Transmission acceptée)
- L’autorité de capacité = la compétence de ce qui fait autorité =(capacité concrète à transmettre ou modéliser des savoirs, savoirs être ou savoirs faire reconnus comme tels par l’enfant).
L’autorité éducative serait alors un processus mutuel, négocié et reconnu comme légitime par l’enfant. Elle est perpétuellement contextualisée : ce qui est valable ici et maintenant ne l’est pas forcément ailleurs et à un autre moment.
J’entends qu’il faille fixer des limites et des interdits. L’autorité éducative ne s’exonère pas de cette responsabilité (il n’y a donc pas « d’évacuation »). Mais elle inscrit ces limites dans un sens qui n’est pas celui de l’obéissance par respect d’une discipline ou d’un cadre réglementaire pour lui-même mais pour vivre et fonctionner en commun.17
Cette forme d’autorité est complexe (alors que l’autorité autoritariste est simple) car la société est devenue complexe et individualisée.

Et pour conclure,

En conclusion j’emprunterai à Eirick Prairat, s’il me le permet, la conclusion d’un article qu’il a écrit dans les actes du colloque de Nancy18 :
« L’enjeu pour les éducateurs n’est pas de s’engager dans une tâche de restauration de l’autorité (jamais on ne retrouve les paradigmes perdus) mais de s’engager dans un travail quotidien de ré-institution de l’autorité. C’est un travail qui passe par une fidélité en actes à quelques grands principes éducatifs : cohérence, constance ; souci de justice etc. «
Pour ma part, je compléterai en affirmant que :
- Que l’autorité s’apprend et se conquiert.
- Que c’est un processus institutionnel où chaque intervenant ou éducateur a sa juste part de responsabilité (auctor).

17 Ainsi peut-on être surpris, au sein de Maisons d’Enfants ou groupes de vie, parfois de l’écart entre certains discours éducatifs très compréhensifs et, dans le même temps, une production de règles de vie très astreignantes ou contraignantes pour les jeunes, qui plus en est dits « difficiles ». Ce qui explique parfois que les tensions deviennent insupportables. Cela n’a rien à voir avec l’érection d’un cadre ferme et structurant qui, lui, peut s’expliquer.
18 L’autorité éducative « déclin érosion ou métamorphose » : PUN. 2010

Conférence. ANMECS- 5 décembre 2013. D.Rolin


- Que l’autorité doit faire sens dans un cadre éducatif où l’on croit dur comme fer que tout jeune est susceptible de progrès et de grandir.
- Que l’autorité est une façon de conduire un enfant balisant un parcours de vie, pour lui apprendre à devenir un être libre et en respectant son droit à être sujet.
- Que toute autorité enfin, ne saurait s’abstraire, dans l’éducation, d’un contexte de confiance où l’enfant se sait apprécié et aimé par des adultes qui savent le lui dire ou ressentir.
Dominique Rolin. ANMECS. 5 décembre 2013. Pont à Mousson.

Sélection des sources bibliographique et documentaire :
BOUREGBA Alain « Les troubles de la parentalité » Ed. Dunod. 2002.
DONZELOT Jacques « La police des familles » Ed. de Minuit. 2005.
FIZE Michel « La famille ». Collection Idées reçues- Ed. Le cavalier bleu. 2005
HEENEN-Wolff « Homoparentalités ». Ed. Fabert. 2011
HOUZEL Didier « Les enjeux de la parentalité ». Ed. Hérés. 1999.
PEILLE Françoise « Appartenance et filiation- être enfant de quelqu’un ». Ed. ESF. 2000
PRAIRAT Eirick (sous la dir)« L’autorité éducative » . PUN. 2011
PRAIRAT Eirick « Eduquer et punir » PUN. 1994.
SALAS Denis « La volonté de punir ». Ed Hachette. 2005
THERY Irène (ouvrage collectif). « Les recompositions familiales aujourd’hui ». Ed. Nathan. 2000.


Texte conférence- « Autorité et Pouvoir »- D.Rolin - 2006. drolinpro@gmail.com
Texte conférence – « Regards croisés sur la parentalité » - D.Rolin -2011- drolinpro@gmail.com
http://www.cahiers-pedagogiques.com/ Les-trois-conceptions-actuelles-de-l-autorite
http://cadreeducation.over-blog.com/article-dossier-sur-l-autorite-educative-39232354.html
http://philosophique.revues.org/186 : autorité et obéissance.
www.alderan-philo.org La jeunesse est-elle un problème ?
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Consulter l'enquête Askoria (2020)

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